見出し画像

ソシュール『一般言語学講義』註解 #08

En fait, aucune société ne connaît et n’a jamais connu la langue autrement que comme un produit hérité des générations précédentes et à prendre tel quel. C’est pourquoi la question de l’origine du langage n’a pas l’importance qu’on lui attribue généralement.

Cours, p. 105

このシリーズについての概要および凡例はこちら。

原著: pp. 104-113
小林訳: pp. 101-111
菅田訳: pp. 44-51
町田訳: pp. 106-116
各文の頭についている上付きの数字は、原著の「ページ数-行数」を示しています。


Cours 原文 § 1.

CHAPITRE II
IMMUTABILITÉ ET MUTABILITÉ DU SIGNE

§ 1. IMMUTABILITÉ.

¹⁰⁴⁻⁴Si par rapport à l’idée qu’il représente, le signifiant apparaît comme librement choisi, en revanche, par rapport à la communauté linguistique qui l’emploie, il n’est pas libre, il est imposé. ¹⁰⁴⁻⁷La masse sociale n’est point consultée, et le signifiant choisi par la langue, ne pourrait pas être remplacé par un autre. ¹⁰⁴⁻⁹Ce fait, qui semble envelopper une contradiction, pourrait être appelé familièrement « la carte forcée ». ¹⁰⁴⁻¹⁰On dit à la langue : « Choisissez ! » mais on ajoute : « Ce sera ce signe et non un autre. ». ¹⁰⁴⁻¹²Non seulement un individu serait incapable, s’il le voulait, de modifier en quoi que ce soit le choix qui a été fait, mais la masse elle-même ne peut exercer sa souveraineté sur un seul mot ; elle est liée à la langue telle qu’elle est.
[…]
¹⁰⁵⁻¹A n’importe quelle époque et si haut que nous remontions, la langue apparaît toujours comme un héritage de l’époque précédente. ¹⁰⁵⁻³L’acte par lequel, à un moment donné, les noms seraient distribués aux choses, par lequel un contrat serait passé entre les concepts et les images acoustiques — cet acte, nous pouvons le concevoir, mais il n’a jamais été constaté. […]
¹⁰⁵⁻¹⁰En fait, aucune société ne connaît et n’a jamais connu la langue autrement que comme un produit hérité des générations précédentes et à prendre tel quel. ¹⁰⁵⁻¹²C’est pourquoi la question de l’origine du langage n’a pas l’importance qu’on lui attribue généralement. […]
[…] ¹⁰⁵⁻³⁴Enfin, revenant à la langue, on se demandera pourquoi le facteur historique de la transmission la domine tout entière et exclut tout changement linguistique général et subit.
¹⁰⁶⁻³Pour répondre à cette question, on pourrait faire valoir bien des arguments, et dire, par exemple, que les modifications de la langue ne sont pas liées à la suite des générations, qui, loin de se superposer les unes aux autres comme les tiroirs d’un meuble, se mêlent, s’interpénètrent et contiennent chacune des individus de tous les âges. […]
[…] ¹⁰⁸⁻⁸Si la langue a un caractère de fixité, ce n’est pas seulement parce qu’elle est attachée au poids de la collectivité, c’est aussi qu’elle est située dans le temps. ¹⁰⁸⁻¹¹Ces deux faits sont inséparables. A tout instant, la solidarité avec le passé met en échec la liberté de choisir. ¹⁰⁸⁻¹³Nous disons $${\textit{homme}}$$ et $${\textit{chien}}$$ parce qu’avant nous on a dit $${\textit{homme}}$$ et $${\textit{chien.}}$$ ¹⁰⁸⁻¹⁴Cela n’empêche pas qu’il n’y ait dans le phénomène total un lien entre ces deux facteurs antinomiques : la convention arbitraire en vertu de laquelle le choix est libre, et le temps, grâce auquel le choix se trouve fixé. ¹⁰⁸⁻¹⁷C’est parce que le signe est arbitraire qu’il ne connaît d’autre loi que celle de la tradition, et c’est parce qu’il se fonde sur la tradition qu’il peut être arbitraire.

註解 § 1.

¹⁰⁴⁻⁴Si par rapport à l’idée qu’il représente, le signifiant apparaît comme librement choisi, en revanche, par rapport à la communauté linguistique qui l’emploie, il n’est pas libre, il est imposé.

si : ここでは事実を提示して「…であるが、…であるにしても」の意、en revanche から主節。
par rapport à … : 「…との関係で、…と関連して」
en revanche : 「その代わりに、その反面」

¹⁰⁴⁻⁷La masse sociale n’est point consultée, et le signifiant choisi par la langue, ne pourrait pas être remplacé par un autre.

nepoint = ne … pas。pas よりも強い否定とされることもある。
consulter : 「…に相談する、…の意見を聞く」

¹⁰⁴⁻⁹Ce fait, qui semble envelopper une contradiction, pourrait être appelé familièrement « la carte forcée ».

« la carte forcée » : 小林訳(p. 102)「強制札」、菅田訳(p. 45)「選べないように切られたカード」、町田訳(p. 107)「(手品師に)選ばせられたカード」。トランプのマジックなどで、マジシャンが観客の一人に自由に選ばせた風を装いながら、実はどれを引くかはマジシャンに決められているような場合のカードのこと。(cf. 小林訳訳注p. 414、町田訳訳注211))

¹⁰⁴⁻¹⁰On dit à la langue : « Choisissez ! » mais on ajoute : « Ce sera ce signe et non un autre. ».

¹⁰⁴⁻¹²Non seulement un individu serait incapable, s’il le voulait, de modifier en quoi que ce soit le choix qui a été fait, mais la masse elle-même ne peut exercer sa souveraineté sur un seul mot ; elle est liée à la langue telle qu’elle est.

non seulement A mais B : 「AであるだけではなくBである」
s’il le voulait : 「たとえ彼がそうしようとしていたとしても」。il = cet individu, le =  modifier le choix qui a été fait
en quoi que ce soit : 疑問詞 + que + 接続法 で「どんな…であろうと」といった譲歩節をつくる(quoi que ce soit「それが何であろうと」はこれだけで固定化し quelque chose「何か」や n’importe quoi「何でも」に近い使われ方をすることもある。cf. 朝倉『事典』quoi¹ III. 2°)。en は比較的抽象的な意味をもちうる前置詞なので訳が難しいが en cela を「その点で」と訳すのに倣って「それがどの点においてであろうと」と訳してもよいだろうか(cf. 小林訳(p. 102)「これをどの点でなりと変えるわけにいかぬ」、菅田訳(p. 45)「どんな風にも変えることが出来ない」。町田訳(p. 107)は「どんなものでもあれ…変更することはできない」としているが en のニュアンスはない。)
telle qu’elle est : 「あるがままの」。tel および que 以下の主語は先行詞の性数に一致する。この場合は la langue。主節の主語 elle は la masse。

¹⁰⁵⁻¹A n’importe quelle époque et si haut que nous remontions, la langue apparaît toujours comme un héritage de l’époque précédente.

si haut que nous remontions : si 副詞 que + 接続法で「どんなに…しても」。haut は「(時代を)さかのぼって」。remontions は接続法現在形。
apparaître comme … : 「…として現れる、…のようなものに思われる」。comme の後の名詞は「…として」の意味では無冠詞、「…のような(もの)」という意味では不定冠詞をともなうのが一般的とされるが絶対的なルールではない。ここではどちらととっても問題ないように思う。cf. 小林訳(pp. 102-103)「先行時代の遺産として現れる」、菅田訳(p. 45)「先行する時代の遺産として現れる」、町田訳(p. 107)「先行する時代の遺産であるように思われる」

¹⁰⁵⁻³L’acte par lequel, à un moment donné, les noms seraient distribués aux choses, par lequel un contrat serait passé entre les concepts et les images acoustiques — cet acte, nous pouvons le concevoir, mais il n’a jamais été constaté.

L’acte par lequel … : 「それを通して…であるような行為」。関係節内は「仮定的事実」を表している条件法。
à un moment donné : 「ある時、ある任意の時に」

¹⁰⁵⁻¹⁰En fait, aucune société ne connaît et n’a jamais connu la langue autrement que comme un produit hérité des générations précédentes et à prendre tel quel.

neautrement que … :「…以外では … ない」=「…のみである」
à prendre tel quel : 「それがそれであるがままにとるべき」。à inf. で「…すべき(もの)」。hérité des générations précédentes と並列で un produit にかかっている。

¹⁰⁵⁻¹²C’est pourquoi la question de l’origine du langage n’a pas l’importance qu’on lui attribue généralement.

c’est pourquoi : 「そういうわけで、だから」

¹⁰⁵⁻³⁴Enfin, revenant à la langue, on se demandera pourquoi le facteur historique de la transmission la domine tout entière et exclut tout changement linguistique général et subit.

revenant : revenir の現在分詞。on にかかる。菅田『講義抄』では省略されているが、直前まで langue と比較される形で institutions について語られているので、「langue の話に戻ると」と言われている。
la
domine tout entière = domine la langue tout entière。副詞の tout は形容詞女性形にかかるときはふつう性数一致するが、entier は母音で始まるので常に tout。
exclut : exclure「除外する、排除する」。主語は domine と同じく le facteur …
subit : 「突然の、急な」。général と並列で changement linguistique にかかる。

¹⁰⁶⁻³Pour répondre à cette question, on pourrait faire valoir bien des arguments, et dire, par exemple, que les modifications de la langue ne sont pas liées à la suite des générations, qui, loin de se superposer les unes aux autres comme les tiroirs d’un meuble, se mêlent, s’interpénètrent et contiennent chacune des individus de tous les âges.

faire valoir : 「(論拠など)を強く主張する、強調する」
bien des : 「多くの、たくさんの」
loin de inf. : 「…するどころではない、…するどころか」
s’interpénétrer :「相互浸透する、絡み合う、交じり合う」。町田訳(p. 109)は「相互に解釈し合う」と訳しているが、s’interpéter と読み間違えたか。
chacune : 主語の同格 (= chacune génération contient des individus de tous les âges)

¹⁰⁸⁻⁸Si la langue a un caractère de fixité, ce n’est pas seulement parce qu’elle est attachée au poids de la collectivité, c’est aussi qu’elle est située dans le temps.

si c’est (parce) que … : 「…なのは…だからだ」
pas seulement A aussi B : 「Aだけではなく、Bも」。ここでは、この二つの構文が組み合わされている。「…なのは、…だからというだけでなく、…だからでもある」
poids de la collectivité : 小林訳(p. 106)「集団の分銅」、菅田訳(p. 47)「集団の重圧(で留められている)」、町田訳(p. 110)「集団の力」。いずれにせよ、比喩的な表現かと思うが、「物が動かないようにおさえるための重し」ないし「流れていかないように引き留める碇」のようなものを想像すればよいだろうか。

¹⁰⁸⁻¹¹Ces deux faits sont inséparables.

¹⁰⁸⁻¹¹A tout instant, la solidarité avec le passé met en échec la liberté de choisir.

à tout instant :「絶えず、常に、いつも」(= à chaque instant)
mettre en échec : 「…の邪魔をする、…を阻止する」

¹⁰⁸⁻¹³Nous disons $${\textit{homme}}$$ et $${\textit{chien}}$$ parce qu’avant nous on a dit $${\textit{homme}}$$ et $${\textit{chien.}}$$

菅田対訳『講義抄』(p. 46) では最後の chien がイタリックになっていない。

¹⁰⁸⁻¹⁴Cela n’empêche pas qu’il n’y ait dans le phénomène total un lien entre ces deux facteurs antinomiques : la convention arbitraire en vertu de laquelle le choix est libre, et le temps, grâce auquel le choix se trouve fixé.

n’empêcher que + 接続法 :「…することを妨げる」
il y ait : il y a の接続法現在形。
en vertu de … : 「…によって、従って」。関係節をもとの文に戻すと le choix est libre en vertu de la convention arbitraire
grâce à … : 「…のおかげで」。関係節をもとの文に戻すと le choix se trouve fixé au temps. 「二つの要因」として la convention arbitraire と le temps が挙げられ、それぞれと le choix の関係が関係節で補足されているという構成。

¹⁰⁸⁻¹⁷C’est parce que le signe est arbitraire qu’il ne connaît d’autre loi que celle de la tradition, et c’est parce qu’il se fonde sur la tradition qu’il peut être arbitraire.

C’estque … : 分裂文(強調構文)。ここでは、従属節 parce que le signe est arbitraire がまるごと焦点化されている。
ne connaît d’autre loi que celle de la tradition : celle = loi。「伝統の法則とは別の法則を(知らない)」=「伝統の法則しか知らない」。ne … (pas) d’autre + 名詞 + que + 名詞 の形で、que は autre que と ne … que の両方を兼ねているともとれ、pas はあってもなくても同じ意味になる。(cf. 朝倉『事典』ne II. 5°)


Cours 原文 § 2.


§ 2. MUTABILITÉ.

¹⁰⁸⁻²²Le temps, qui assure la continuité de la langue, a un autre effet, en apparence contradictoire au premier : celui d’altérer plus ou moins rapidement les signes linguistiques et, en un certain sens, on peut parler à la fois de l’immutabilité et de la mutabilité du signe.
¹⁰⁸⁻²⁷En dernière analyse, les deux faits sont solidaires : le signe est dans le cas de s’altérer parce qu’il se continue. ¹⁰⁹⁻¹Ce qui domine dans toute altération, c’est la persistance de la matière ancienne ; l’infidélité au passé n’est que relative. ¹⁰⁹⁻⁴Voilà pourquoi le principe d’altération se fonde sur le principe de continuité.
[…]
¹⁰⁹⁻¹⁰Tout d’abord, ne nous méprenons pas sur le sens attaché ici au mot altération. ¹⁰⁹⁻¹¹Il pourrait faire croire qu’il s’agit spécialement des changements phonétiques subis par le signifiant, ou bien des changements de sens qui atteignent le concept signifié. ¹⁰⁹⁻¹⁴Cette vue serait insuffisante. Quels que soient les facteurs d’altérations, qu’il agissent isolément ou combinés, ils aboutissent toujours à $${\textit{un}}$$$${\textit{déplacement}}$$$${\textit{du}}$$$${\textit{rapport}}$$$${\textit{entre}}$$$${\textit{le}}$$$${\textit{signifié}}$$$${\textit{et}}$$$${\textit{le}}$$$${\textit{signifiant.}}$$
¹⁰⁹⁻¹⁸Voici quelques exemples. Le latin $${\textit{necāre}}$$ signifiant « tuer » est devenu en français $${\textit{noyer,}}$$ avec le sens que l’on connaît. ¹⁰⁹⁻²⁰Image acoustique et concept ont changé tous les deux ; mais il est inutile de distinguer les deux parties du phénomène ; il suffit de constater $${\textit{in}}$$$${\textit{globo}}$$ que le lien de l’idée et du signe s’est relâché et qu’il y a eu un déplacement dans leur rapport. ¹⁰⁹⁻²⁴Si au lieu de comparer le $${\textit{necāre}}$$ du latin classique avec notre français $${\textit{noyer,}}$$ on l’oppose au $${\textit{necare}}$$ du latin vulgaire du ɪᴠᵉ ou du ᴠᵉ siècle, signifiant « noyer », le cas est un peu différent ; mais ici encore, bien qu’il n’y ait pas altération appréciable du signifiant, il y a déplacement du rapport entre l’idée et le signe.
¹⁰⁹⁻³⁰L’ancien allemand $${\textit{dritteil,}}$$ « le tiers », est devenu en allemand moderne $${\textit{Drittel.}}$$ ¹⁰⁹⁻³¹Dans ce cas, quoique le concept soit resté le même, le rapport a été changé de deux façons : le signifiant a été modifié non seulement dans son aspect matériel, mais aussi dans sa forme grammaticale ; il n’implique plus l’idée de $${\textit{Teil}}$$ ; c’est un mot simple. ¹⁰⁹⁻³⁵D’une manière ou d’une autre, c’est toujours un déplacement de rapport.
[…]
¹¹⁰⁻⁹Une langue est radicalement impuissante à se défendre contre les facteurs qui déplacent d’instant en instant le rapport du signifié et du signifiant. ¹¹⁰⁻¹¹C’est une des conséquences de l’arbitraire du signe.
[…]
[…] ¹¹²⁻¹le temps altère toutes choses ; il n’y a pas de raison pour que la langue échappe à cette loi universelle.
¹¹²⁻⁴Récapitulons les étapes de notre démonstration, en nous reportant aux principes établis dans l’introduction.
¹¹²⁻⁶1º Évitant de stériles définitions de mots, nous avons d’abord distingué, au sein du phénomène total que représente le $${\textit{langage,}}$$ deux facteurs : la $${\textit{langue}}$$ et la $${\textit{parole.}}$$ ¹¹²⁻⁸La langue est pour nous le langage moins la parole. ¹¹²⁻⁹Elle est l’ensemble des habitudes linguistiques qui permettent à un sujet de comprendre et de se faire comprendre.
¹¹²⁻¹²2° Mais cette définition laisse encore la langue en dehors de sa réalité sociale ; elle en fait une chose irréelle, puisqu’elle ne comprend qu’un des aspects de la réalité, l’aspect individuel ; il faut une $${\textit{masse}}$$$${\textit{parlante}}$$ pour qu’il y ait une langue. ¹¹²⁻¹⁶A aucun moment, et contrairement à l’apparence, celle-ci n’existe en dehors du fait social, parce qu’elle est un phénomène sémiologique. ¹¹²⁻¹⁸Sa nature sociale est un de ses caractères internes ; sa définition complète nous place devant deux choses inséparables, comme le montre le schéma :

¹¹²⁻²¹Mais dans ces conditions, la langue est viable, non vivante : nous n’avons tenu compte que de la réalité sociale, non du fait historique.
3º […] ¹¹³⁻⁴en dehors de la durée, la réalité linguistique n’est pas complète et aucune conclusion n’est possible.
¹¹³⁻⁷Si l’on prenait la langue dans le temps, sans la masse parlante — supposons un individu isolé vivant pendant plusieurs siècles, — on ne constaterait peut-être aucune altération ; le temps n’agirait pas sur elle. ¹¹³⁻¹⁰Inversement si l’on considérait la masse parlante sans le temps, on ne verrait pas l’effet des forces sociales agissant sur la langue. ¹¹³⁻¹³Pour être dans la réalité il faut donc ajouter à notre premier schéma un signe qui indique la marche du temps :

¹¹³⁻¹⁷Dès lors la langue n’est pas libre, parce que le temps permettra aux forces sociales s’exerçant sur elle de développer leurs effets, et on arrive au principe de continuité, qui annule la liberté. ¹¹³⁻²³Mais la continuité implique nécessairement l’altération, le déplacement plus ou moins considérable des rapports.

註解 § 2.

¹⁰⁸⁻²²Le temps, qui assure la continuité de la langue, a un autre effet, en apparence contradictoire au premier : celui d’altérer plus ou moins rapidement les signes linguistiques et, en un certain sens, on peut parler à la fois de l’immutabilité et de la mutabilité du signe.

en apparence : 「みかけは、うわべは」
au premier = le premier effet (= un caractère de fixité)
celui = effet
en un certain sens :「ある意味では、ある観点からすれば」
à la fois : 「同時に、一度に」

¹⁰⁸⁻²⁷En dernière analyse, les deux faits sont solidaires : le signe est dans le cas de s’altérer parce qu’il se continue.

en dernière analyse : 「要するに、結局」
être dans le cas de inf. :「…できる、できる状態にある」

¹⁰⁹⁻¹Ce qui domine dans toute altération, c’est la persistance de la matière ancienne ; l’infidélité au passé n’est que relative.

ce + 関係節 +  c’est … : 「…であるのは、…だ」。phrase pseudo-clivée「疑似分裂文」と呼ばれる構文。
dominer : 自動詞で「支配的である、優勢である」
l’infidélité au passé : 小林訳(p. 106)「過去から離反するといっても」、菅田訳(p. 47)「過去への不誠実も」、町田訳(p. 111)「過去をそのまま受け継いでいないというのは」。変化するということは。旧い形に忠実にそのままの形を引き継ぐわけではないので、その意味で「不誠実」だが、とはいえ、まるまるガラリと変わってしまうわけでもないので「相対的な」ものである。

¹⁰⁹⁻⁴Voilà pourquoi le principe d’altération se fonde sur le principe de continuité.

voilà pourquoi : (=c’est pourquoi)「そういうわけで、だから」

¹⁰⁹⁻¹⁰Tout d’abord, ne nous méprenons pas sur le sens attaché ici au mot altération.

se méprendre sur … :「…について取り違える、思い違いをする」

¹⁰⁹⁻¹¹Il pourrait faire croire qu’il s’agit spécialement des changements phonétiques subis par le signifiant, ou bien des changements de sens qui atteignent le concept signifié.

il s’agit de … :「…が問題である、主題である」。les changements phonétiques と les changements de sens それぞれに de がついている。
concept signifié : 直前に signifiant とあるので、concept = signifié という並列ととれないこともないが、signifier の過去分詞が concept を修飾しているととるのが素直。 結局のところ  concept signifié = signifié ではある。

¹⁰⁹⁻¹⁴Cette vue serait insuffisante.

¹⁰⁹⁻¹⁴Quels que soient les facteurs d’altérations, qu’ils agissent isolément ou combinés, ils aboutissent toujours à $${\textit{un}}$$$${\bm{déplacement}}$$$${\textit{du}}$$$${\textit{rapport}}$$$${\textit{entre}}$$$${\textit{le}}$$$${\textit{signifié}}$$$${\textit{et}}$$$${\textit{le}}$$$${\textit{signifiant.}}$$

quel que + être の接続法 : 「…がどんなであれ」
que +接続法+ A ou B :「…するのがAであれBであれ」。agissent は接続法現在形。
déplacement : 「移動、動き」のことだが、小林訳(p. 107)「所記と能記との関係のずれ」、菅田訳(p. 47)「シニフィエとシニフィアンとの関係のズレ」、町田訳(p. 112)「シニフィエとシニフィアンの関係のずれ」と訳されている。ちなみにHarris訳では 'a shift in the relationship between signal and signification'。
原著 *qu’il agissent → qu’ils agissent 菅田対訳『講義抄』(p. 46)も同様。

¹⁰⁹⁻¹⁸Voici quelques exemples. Le latin $${\textit{necāre}}$$ signifiant « tuer » est devenu en français $${\textit{noyer,}}$$ avec le sens que l’on connaît.

le sens que l’on connaît : 「人々が知っている意味」=「溺死させる」。古典期ラテン語の necāre はここにあるとおり「殺す」を意味したが、「流血をともなわずに殺す」>「武器を使わずに殺す」>「水に沈めて殺す」という流れで意味の特殊化が起きたらしい。se noyer で「溺死する」。

¹⁰⁹⁻²⁰Image acoustique et concept ont changé tous les deux ; mais il est inutile de distinguer les deux parties du phénomène ; il suffit de constater $${\bm{in}}$$$${\bm{globo}}$$ que le lien de l’idée et du signe s’est relâché et qu’il y a eu un déplacement dans leur rapport.

Image acoustique et concept : et で結ばれた対照語は無冠詞で使われることがある。cf. 朝倉『事典』article, V. 9º.
tous les deux : 主語の同格。したがって ont changé はここでは自動詞。
il est 形容詞 de inf. :  非人称構文。「…することは…である」
il suffit de inf. : 非人称構文。「…するだけで充分である」
in globo : ラテン語「全体で、全体として」
signe : この部分、およびこの後で使われている signe は、signifiant ないし image acoustique とあるべきところ。cf. de Mauro 注[155], 熊本(2017) e45

¹⁰⁹⁻²⁴Si au lieu de comparer le $${\textit{necāre}}$$ du latin classique avec notre français $${\textit{noyer,}}$$ on l’oppose au $${\textit{necare}}$$ du latin vulgaire du ɪᴠᵉ ou du ᴠᵉ siècle, signifiant « noyer », le cas est un peu différent ; mais ici encore, bien qu’il n’y ait pas altération appréciable du signifiant, il y a déplacement du rapport entre l’idée et le signe.

au lieu de : 「…の代わりに、…せずに」
l’ = (oppose)  le necāre du latin classique (au necare du latin vulgaire)
bien que + 接続法 : 「…であるのに、…にもかかわらず」
il y a : il y ait は接続法現在形。il y a の後ろに来る名詞は(特に否定文で)しばしば無冠詞になる。cf. 朝倉『事典』article, V. 6º.
「altération appréciable がない」というのは、古典期の necāre と俗ラテン語期の necare とで、(noyer [nwaje] と比べると)発音上の大きな差がないということ。古典期のラテン語では母音に長短の別があったが、俗ラテン語期にはこれが失われ、量の差が質の差に変わった。長い ā は短い ă と合流したため、表記上俗ラテン語の necare からはマクロンが外れている。町田訳(p. 112)では、俗ラテン語形にもマクロンがついたままになっている。また、同訳注217)では [nɛkare] とあるが「俗ラテン語」は広範囲、長期間をカバーする概念なのでIPAで精密表記をするのは無理がある(cf. 熊本(2017) e45)。なお、古典期の短母音 ĕ が広い ę /ɛ/ に(対して長い ē が狭い ẹ /e/ に)なったのは、アクセントが置かれた音節内での変化であって、アクセントのない音節ではこの区別は生まれていない。
signe : この signe も signifiant であるべきところ(前文参照)。

¹⁰⁹⁻³⁰L’ancien allemand $${\textit{dritteil,}}$$ « le tiers », est devenu en allemand moderne $${\textit{Drittel.}}$$

¹⁰⁹⁻³¹Dans ce cas, quoique le concept soit resté le même, le rapport a été changé de deux façons : le signifiant a été modifié non seulement dans son aspect matériel, mais aussi dans sa forme grammaticale ; il n’implique plus l’idée de $${\textit{Teil}}$$ ; c’est un mot simple.

quoique + 接続法 : 「…であるのに、…にもかかわらず」。soit resté は接続法過去形。
non seulement A mais aussi B : 「Aだけでなく、Bも」。dans son aspect matériel というのは -teil の部分が -tel と変わったこと、sa forme grammaticale というのは、次の文にあるように元の形では drit+teil という二つの構成要素に分けて理解できていたものが、Drittel になったことで分割不可能になってしまったということ。

¹⁰⁹⁻³⁵D’une manière ou d’une autre, c’est toujours un déplacement de rapport.

¹¹⁰⁻⁹Une langue est radicalement impuissante à se défendre contre les facteurs qui déplacent d’instant en instant le rapport du signifié et du signifiant.

d’instant en instant : 「刻々と、絶えず」

¹¹⁰⁻¹¹C’est une des conséquences de l’arbitraire du signe.

¹¹²⁻¹le temps altère toutes choses ; il n’y a pas de raison pour que la langue échappe à cette loi universelle.

toutes choses : 「万物、あらゆるもの」。やや熟語的な表現。ふつうは toutes les choses。(cf. 朝倉『事典』tout, II. 2° ④)

¹¹²⁻⁴Récapitulons les étapes de notre démonstration, en nous reportant aux principes établis dans l’introduction.

se reporter à … :「…を参照する、に立ち戻る」

¹¹²⁻⁶ Évitant de stériles définitions de mots, nous avons d’abord distingué, au sein du phénomène total que représente le $${\bm{langage,}}$$ deux facteurs : la $${\textit{langue}}$$ et la $${\textit{parole.}}$$

= primo「第1に」
au sein de … :「…の内部で」
le phénomène total que représente le langage : le langage représente le phénomène total という文の le phénomène total を先行詞とした関係節。représente の主語は le langage。言語事象全体は la langue と la parole に分けられる。逆に言うと、この二つの要因を合わせた「言語事象全体」を表すのが le langage である。

¹¹²⁻⁸La langue est pour nous le langage moins la parole.

moins : 前置詞。「…を引いた」 le langage -(マイナス)la parole ということ。

¹¹²⁻⁹Elle est l’ensemble des habitudes linguistiques qui permettent à un sujet de comprendre et de se faire comprendre.

Elle = la langue
permettre àde inf. :「(人に)…することを可能にする」
se faire comprendre :「自分のことを他人に理解させる、理解してもらう」

¹¹²⁻¹² Mais cette définition laisse encore la langue en dehors de sa réalité sociale ; elle en fait une chose irréelle, puisqu’elle ne comprend qu’un des aspects de la réalité, l’aspect individuel ; il faut une $${\textit{masse}}$$$${\textit{parlante}}$$ pour qu’il y ait une langue.

= secundo /sə.ɡɔ̃.do/ 「第2に」
en dehors de … :「…の外に」
faire A de B : 「BをAにする」。elle = cette définition, en = de la langue
pour que + 接続法 :「…であるために」。il y ait は il y a の接続法現在形。

¹¹²⁻¹⁶A aucun moment, et contrairement à l’apparence, celle-ci n’existe en dehors du fait social, parce qu’elle est un phénomène sémiologique.

celle-ci = une langue

¹¹²⁻¹⁸Sa nature sociale est un de ses caractères internes ; sa définition complète nous place devant deux choses inséparables, comme le montre le schéma :

comme le montre le schéma : 「図がそれを示すように」。同種の表現でしばしば名詞主語が後置される。

¹¹²⁻²¹Mais dans ces conditions, la langue est viable, non vivante : nous n’avons tenu compte que de la réalité sociale, non du fait historique.

tenir compte de … : 「…を考慮に入れる」

[…] ¹¹³⁻⁴en dehors de la durée, la réalité linguistique n’est pas complète et aucune conclusion n’est possible.

= tertio /tɛr.sjo/「第3に」
en dehors de … :「…の外においては、…から離れては」

¹¹³⁻⁷Si l’on prenait la langue dans le temps, sans la masse parlante — supposons un individu isolé vivant pendant plusieurs siècles, — on ne constaterait peut-être aucune altération ; le temps n’agirait pas sur elle.

prendre :「…を想像する、仮定する」。非現実の仮定なので、直説法半過去形をとっている。帰結文の constaterait, agirait は条件法現在形。
agir sur… : 「…に影響を及ぼす、作用する」

¹¹³⁻¹⁰Inversement si l’on considérait la masse parlante sans le temps, on ne verrait pas l’effet des forces sociales agissant sur la langue.

前文と同様に considérait は直説法半過去形。verrait は voir の条件法現在形。
原著 *agisssant →agissant 菅田対訳『講義抄』(p. 50)でも引き継がれている。

¹¹³⁻¹³Pour être dans la réalité il faut donc ajouter à notre premier schéma un signe qui indique la marche du temps :

¹¹³⁻¹⁷Dès lors la langue n’est pas libre, parce que le temps permettra aux forces sociales s’exerçant sur elle de développer leurs effets, et on arrive au principe de continuité, qui annule la liberté.

dès lors : 「だから、したがって、それゆえ」
permettre à A de inf. : 「Aが…することを可能にする」。A にあたるのが les forces sociales s’exerçant sur elle で最後の elle = la langue。

¹¹³⁻²³Mais la continuité implique nécessairement l’altération, le déplacement plus ou moins considérable des rapports.

déplacementdes rapports : 109-14参照。
plus ou moins : 「多かれ少なかれ」

ここから先は

0字

¥ 100

この記事が気に入ったらサポートをしてみませんか?