ソシュール『一般言語学講義』註解 #10
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原著: pp. 141-143
小林訳: pp. 141-144
菅田訳: pp. 70-73
町田訳: pp. 143-145
各文の頭についている上付きの数字は、原著の「ページ数-行数」を示しています。
Cours 原文
DEUXIEME PARTIE
LINGUISTIQUE SYNCHRONIQUE
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CHAPITRE PREMIER
GÉNÉRALITÉS
¹⁴¹⁻⁵L’objet de la linguistique synchronique générale est d’établir les principes fondamentaux de tout système idiosynchronique, les facteurs constitutifs de tout état de langue. […]
¹⁴¹⁻¹³C’est à la synchronie qu’appartient tout ce qu’on appelle la « grammaire générale » ; […]
¹⁴¹⁻²⁰D’une façon générale, il est beaucoup plus difficile de faire de la linguistique statique que de l’histoire. ¹⁴¹⁻²¹Les faits d’évolution sont plus concrets, ils parlent davantage à l’imagination ; les rapports qu’on y observe se nouent entre termes successifs qu’on saisit sans peine ; il est aisé, souvent même amusant, de suivre une série de transformations. ¹⁴²⁻³Mais la linguistique qui se meut dans des valeurs et des rapports coexistants présente de bien plus grandes difficultés.
¹⁴²⁻⁶En pratique, un état de langue n’est pas un point, mais un espace de temps plus ou moins long pendant lequel la somme des modifications survenues est minime. ¹⁴²⁻⁸Cela peut être dix ans, une génération, un siècle, davantage même. ¹⁴²⁻¹⁰Une langue changera à peine pendant un long intervalle, pour subir ensuite des transformations considérables en quelques années. ¹⁴²⁻¹²De deux langues coexistant dans une même période, l’une peut évoluer beaucoup et l’autre presque pas ; dans ce dernier cas l’étude sera nécessairement synchronique, dans l’autre diachronique. ¹⁴²⁻¹⁵Un état absolu se définit par l’absence de changements, et comme malgré tout la langue se transforme, si peu que ce soit, étudier un état de langue revient pratiquement à négliger les changements peu importants, de même que les mathématiciens négligent les quantités infinitésimales dans certaines opérations, telles que le calcul des logarithmes. […]
¹⁴³⁻³D’ailleurs la délimitation dans le temps n’est pas la seule difficulté que nous rencontrons dans la définition d’un état de langue ; le même problème se pose à propos de l’espace. ¹⁴³⁻⁶Bref, la notion d’état de langue ne peut être qu’approximative. ¹⁴³⁻⁷En linguistique statique, comme dans la plupart des sciences, aucune démonstration n’est possible sans une simplification conventionnelle des données.
註解
¹⁴¹⁻⁵L’objet de la linguistique synchronique générale est d’établir les principes fondamentaux de tout système idiosynchronique, les facteurs constitutifs de tout état de langue.
¹⁴¹⁻¹³C’est à la synchronie qu’appartient tout ce qu’on appelle la « grammaire générale » ;
¹⁴¹⁻²⁰D’une façon générale, il est beaucoup plus difficile de faire de la linguistique statique que de l’histoire.
¹⁴¹⁻²¹Les faits d’évolution sont plus concrets, ils parlent davantage à l’imagination ; les rapports qu’on y observe se nouent entre termes successifs qu’on saisit sans peine ; il est aisé, souvent même amusant, de suivre une série de transformations.
¹⁴²⁻³Mais la linguistique qui se meut dans des valeurs et des rapports coexistants présente de bien plus grandes difficultés.
¹⁴²⁻⁶En pratique, un état de langue n’est pas un point, mais un espace de temps plus ou moins long pendant lequel la somme des modifications survenues est minime.
¹⁴²⁻⁸Cela peut être dix ans, une génération, un siècle, davantage même.
¹⁴²⁻¹⁰Une langue changera à peine pendant un long intervalle, pour subir ensuite des transformations considérables en quelques années.
¹⁴²⁻¹²De deux langues coexistant dans une même période, l’une peut évoluer beaucoup et l’autre presque pas ; dans ce dernier cas l’étude sera nécessairement synchronique, dans l’autre diachronique.
¹⁴²⁻¹⁵Un état absolu se définit par l’absence de changements, et comme malgré tout la langue se transforme, si peu que ce soit, étudier un état de langue revient pratiquement à négliger les changements peu importants, de même que les mathématiciens négligent les quantités infinitésimales dans certaines opérations, telles que le calcul des logarithmes.
¹⁴³⁻³D’ailleurs la délimitation dans le temps n’est pas la seule difficulté que nous rencontrons dans la définition d’un état de langue ; le même problème se pose à propos de l’espace.
¹⁴³⁻⁶Bref, la notion d’état de langue ne peut être qu’approximative.
¹⁴³⁻⁷En linguistique statique, comme dans la plupart des sciences, aucune démonstration n’est possible sans une simplification conventionnelle des données.
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