Idolâtres
Dans une petite ville se plaçait un lycée vibrant de l'énergie juvénile abritait des âmes en quête de leurs identités.
Parmi elles, il y avait Mia une lycéenne à l'allure discrète, portant des lunettes qui soulignaient son regard mélancolique. Son cœur battait au rythme du saxophone alto qu’elle venait d’adopter, instrument dont elle s'était éprise six mois plus tôt. Engagée dans l’orchestre du lycée, elle passait ses journées à jouer, désireuse d'exprimer ce qu'elle ressentait tout en s’imprégnant de la musique qui l’entourait.
Mia rêvait en silence, ses doigts glissant sur les clés de son instrument. Elle avait commencé son apprentissage qu’elle abordait avec une détermination farouche. Mais malgré cette ferveur, elle ne pouvait s’empêcher de sentir, dans les notes parfois hésitantes de son saxophone, une mélodie de solitude. Les premiers jours de répétition avaient été difficile, son cœur battant plus fort à chaque fois qu'elle croisait le regard noir d'Aquarius. Ce dernier semblait être un prodige, mais son attitude désinvolte irritait autant qu’elle attirait. Il était souvent absorbé par son téléphone ou médisant sur les partitions, préférant les plaisanteries inappropriées à l'effort musical. Pourtant, lorsqu’il jouait, son talent étourdissant illuminait tout le théâtre, et pour un instant, sa mélancolie semblait s’évanouir.
D'un an son aîné, Aquarius jouait du saxophone ténor. Bien qu'il fût reconnu pour son talent prodigieux, sa dévotion envers la musique était douteuse. Souvent, il s'appuyait contre le mur de la salle de répétition, feuilletant son téléphone avec désinvolture, laissant les autres musiciens se perdre dans leurs notes. Son regard, cependant, ne manquait jamais de glisser vers la clarinettiste, Maria. Elle était belle et brillante, avec de longs cheveux châtains qui flottaient autour d’elle comme une auréole chaque fois qu'elle jouait.
Ils caressaient ses épaules lorsqu’elle inclinait la tête pour souffler dans sa clarinette, et sa grâce semblant inatteignable.
Aquarius était, lui, épris de Maria. Elle, qui d’une finesse n’avait d’égal que son jeu délicat. Elle partageait avec Aquarius l’âge et le collège. À chaque pause, Aquarius le suivait du regard, espérant sans doute qu’un jour elle lui accorderait plus qu’un sourire distrait. Lorsqu'il la voyait rire avec d'autres, un sentiment amer s’immisçait en lui, le faisant s’éloigner, même s’il ne voulait pas perdre une miette de sa présence. Aquarius l'observait, fasciné mais immobile, son cœur alourdi par un sentiment d’inaccessibilité.
Maria, telle une muse, semblait ignorer l'existence d'Aquarius, absorbée par ses propres pensées. Belle, rayonnante, une déesse de la musique dont chaque souffle de vent semblait l’envelopper.
Depuis leur rencontre au collège, Aquarius était tombé à ses pieds. Ils avaient probablement partagé des rires au collège, mais le temps avait effacé leur complicité, et désormais, il se contentait de la suivre du coin de l'œil, la contemplant comme on admire une œuvre d’art, à la fois ébloui et désespéré.
Mia, quant à elle, nourrissait un sentiment tendre pour Aquarius. Chaque fois qu’il jouait, même distraitement, son cœur faisait une embardée, un tourbillon de notes et d’émotions. Elle se remémorait le moment où leurs regards s’étaient croisés pour la première fois, une étincelle fugace qui l’avait laissée rêveuse longtemps après. Mais son enthousiasme était assombri par une ombre de désespoir : Aquarius ne la voyait pas. Pour lui, elle n'était qu'une choriste parmi tant d'autres, un bruit de fond dans la symphonie de sa vie.
Leurs chemins se croisaient aux répétitions, mais aucun mot, aucune conversation n’avait été échangée. Mia appréhendait le moment où elle serait assise à proximité de lui, gênée par le tumulte de ses pensées. La beauté tragique de Aquarius ne faisait qu’éveiller en elle des sentiments qu’elle croyait enfouis. Il ne lui était pas indifférent ; elle l'observait, fascinée, alors qu'il laissait échapper des notes de son saxophone qui dansaient dans l'air, légèrement teintées de mélancolie.
Les répétitions s’enchaînaient, entrecoupées de moments de tension et de légèreté. Un jour, alors que l'orchestre se préparait pour un concert important, Mia sut que c'était le moment ou jamais pour se rapprocher d'Aquarius. Elle se força à franchir la distance entre eux, son cœur battant à tout rompre, sa voix tremblante d’appréhension.
Il détourna le regard de son téléphone, surpris. Mia avait toujours été l'invisible, celle qui se fondait dans le décor. Il hocha la tête, perplexe, comme si elle venait de lui proposer une expérience inédite.
Mais alors qu’ils commençaient à jouer dans l'ombre de ces instruments, à travers un mur fin une autre musique se jouait, bien plus douce et poignante. Maria, virtuose, elle, occupait les pensées d'Aquarius. Le son pur et captivant qu’elle produisait avait ce pouvoir étrange d’aspirer toute son attention, le plongeant dans une mélancolie silencieuse. Mia, consciente de l’affection non partagée de son bien aimé, se sentait comme une ombre dans un tableau lumineux.
Au fil des jours, le désir inassouvi d'Aquarius pour Maria s’intensifiait, le consumant lentement. Il se cherchait des excuses pour passer du temps avec elle et se perdait dans ses pensées, ignorant les regards doux mais subtil que Mia lui lançait. La clarté de la musique devenait un miroir de leurs désirs refoulés, et la répétition finale approchait, telle une tempête prête à éclater.
Le soir du concert, l’auditorium était rempli. Les lumières brillaient sur les visages anxieux des musiciens, et le cœur de Mia battait la chamade. C’était son moment. À travers la douceur des notes, elle espérait faire chavirer le cœur d'Aquarius. Mais juste avant de monter sur scène, elle remarqua Aquarius, son visage tendu, ses yeux rivés sur Maria, le reflet de sa passion pour elle comme une flamme ardente.
Le concert débuta, et les mélodies s'envolèrent dans l’espace, entraînant les âmes en voyage. Mia jouait avec ferveur, mais chaque note était teintée de l’amertume de son amour non partagé. Aquarius, perdu dans ses pensées, ne réalisait pas à quel point elle se donnait.
Aquarius et Maria étaient brillants, bien que leurs instruments les different, leur harmonie mielleux était régal pour dieux. Une danse musicale qui lui était interdite. Elle tenta de se concentrer sur son propre jeu, mais la douleur d’un amour non partagé infusait chaque note qu’elle jouait.
Le concert toucha à sa fin, et la foule explosa en applaudissements. Aquarius se tourna enfin vers Mia, un air de confusion et d’étonnement sur le visage. Mais d’un coup, il aperçut Maria, radieuse dans la lumière, et ses yeux s’illuminèrent d’un désir irrépressible. Mia accablée par les circonstances, se retira dans l'ombre des coulisses. Les applaudissements résonnaient encore lorsque Aquarius la rejoignit. Mal à l’aise, il s’arrêta devant elle, faisant barrage à la lumière. Ce soir-là, alors que le final résonnait, l’écho du saxophone cassait la barrière de l’indifférence.
Avant qu’il ne continue, Maria fit son apparition dans les coulisses à son tour. Rayonnante, interrompant le fragile moment entre eux. Aquarius redressa la tête, tandis que Mia, piquée par la jalousie et l’incompréhension, se replia sur elle-même. Elle sentit un intense besoin de fuir, de disparaître devant ce tableau d’amour naïf.
L’esprit flou, la lycéenne quitta les lieux, laissant derrière elle les accords qui, autrefois, baignaient son quotidien. Dans la poussière du gymnase, elle comprit que les notes d’un cœur brisé pouvaient se transformer en mélodies douces-amères, et que parfois, l’amour est un art tragique, où seuls se bousculent désespoir et espoir, emprisonnés dans un silence assourdissant.
Elle avait jeté son cœur en pâture à un rêve illusoire, comme une étoile filante qui traverse le ciel sans jamais réellement s’installer. Dans ce monde de mélodies et d’espoirs déchus, elle comprit qu'un autre concerto avait débuté, et qu'elle en serait la simple spectatrice, observant l'amour fragile se jouer sur la scène de leur jeunesse.
Et ainsi, la musique se poursuivit, envoûtante et douloureuse, tandis que la lycéenne, amoureuse d’un rêve inachevé, apprit que la plus belle mélodie est souvent celle qui reste inachevée, énonçant les regrets d’un cœur en lutte contre l'inéluctable.
Texte fictif sur une réalité mensongère
—I love you
淅瀝